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31 octobre 2008 5 31 /10 /octobre /2008 10:22


Poursuivons notre exploration, entamée récemment, du merveilleux monde des jeux à licence ratés avec l'adaptation de la série policière diffusée en France sur Canal + depuis quelques années, The Shield. Publié chez nous par Empire, champions du bon goût et de la qualité puisqu'on leur doit déjà Big Mother Truckers, le jeu nous rappelle une fois de plus que s'il y a bien un truc encore pire que les jeux tirés de films, ce sont les jeux tirés de séries télé.

L'intrigue prend place à la fin de la saison 3 alors que la "Strike Team" de Vic Mackey est menacée d'extinction par le départ de Lem et les soupçons d'implication dans l'affaire du "moneytrain". Aceveda lance un ultimatum à Vic : il a quelques jours pour réussir une grosse prise pour amadouer la hiérarchie s'il ne veut pas voir son équipe démantelée pour de bon. Coup de chance pour lui, le gang des Byz-Lat s'apprête relancer la guerre contre les One-Niners grâce à un gros stock d'armes automatiques. Au joueur d'endosser le rôle du plus célèbre flic chauve depuis Kojak pour sauver la Strike Team avec une belle saisie et plein d'arrestations.

Avant de commencer à descendre en flammes leur production qui le mérite bien, je voudrais quand même tirer mon chapeau aux gars de Point of View, le studio de développement : un effort certain a été fait pour donner au joueur l'impression d'être en train de participer à un épisode de la série, pas simplement que l'univers de The Shield a été plaqué sur un jeu d'action lambda. Si les acteurs principaux ne se sont pas tous donné la peine de doubler eux-mêmes leur perso (heureusement, la voix de Mackey est bien celle de Michael Chiklis), en revanche le jeu imite plutôt pas mal la série dans sa construction, s'articulant autour de courtes séquences reprenant ce que l'on voit généralement dans un épisode : fouille d'une planque, examen de scène de crime, pose de fausses preuves chez des suspects, course-poursuite, arrestation, interrogatoire, retour au poste entre deux sorties... Et mine de rien, ça n'est quand même pas si fréquent ; certes, je n'ai pas encore testé 24h Chrono ou V.I.P. pour le situer par rapport à ces deux fleurons du genre, mais disons que par comparaison à des jeux comme Buffy contre les Vampires, Urgences ou les ouatmille aventures des Simpson sur consoles, la différence est nette. Après, est-ce que finalement c'est une bonne chose ou pas, on en discutera plus tard (indice quand même : ou pas), mais je tenais quand même à faire ma BA en glissant un mot gentil sur The Shield: The Game.

Concrètement, on a affaire à un jeu d'action à la 3ème personne mâtiné d'un peu d'infiltration et d'aventure. On dirige Vic de scène en scène et on y accomplit les différents gestes exigés pour faire progresser l'intrigue : fouiller un appartement, s'introduire discètement dans lun repaire de gang, échanger des coups de feu avec des One-Niners ou des Byz-Lat, maltraiter un délinquant, courir après un témoin, bref, comme je le disais à l'instant, à peu près tout ce que la Strike Team fait à la télé. Ca dure rarement plus de cinq minutes chaque fois, et il faut être honnête, ça n'est jamais très passionnant. Si l'on excepte les rares et brèves courses-poursuites, à peu près tout le reste va de "carrément pénible" à "plutôt ennuyeux" en passant par "complètement con". Ainsi les fouilles par exemple s'effectuent sous forme d'un mini-jeu tout basique et dont le résultat doit un peu trop à la chance. Et en cas d'échec, il est impossible de fouiller une deuxième fois le même meuble, comme si son contenu disparaissait entièrement par magie. Les phases d'infiltration sont ratées elles aussi : les ennemis se déplaçant de manière aléatoire, passer sans se faire voir relève bien souvent du coup d'cul ; de plus, selon les missions, on ne sait jamais si être détecté entraînera immédiatement la défaite ou s'il suffira de sortir son arme et d'abattre l'opposition.

Zut alors, la fouille du tiroir est ratée, et maintenant
la drogue qu'il contenait s'est enfuie !

La liste des défauts plombant chaque phase de jeu n'en finit plus de s'allonger au fil de la partie. On peut les classer en trois grandes catégories : il y a les fois où la faute revient à l'IA minable, les fois où c'est à cause de la maniabilité douteuse, et les fois où le mini-jeu qu'il faut se taper est inintéressant. Quand ce n'est pas un coéquipier qui court se faire buter comme un couillon lors d'une fusillade, vous obligeant à recommencer le niveau, c'est un ennemi qui vous voit à travers un obstacle et donne l'alerte. Des fois c'est l'option "se baisser/se relever" qui fait des caprices, d'autres fois c'est "se mettre à couvert" qui ne fonctionne pas. Et les interrogatoires, qui sont souvent la grosse "séquence-choc" d'un épisode télé, se révèlent ici répétitifs et peu satisfaisants, puisqu'ils se limitent grosso modo à appliquer à chaque suspect le traitement "Armadillo Quintero" (la joue brûlée sur une cuisinière) en appuyant sur les touches qui s'affichent à l'écran, et que c'est tellement facile que ça ne rate jamais. La torture dans The Shield: The Game devient un exercice banal et machinal, un passage obligé plutôt qu'une solution désespérée de dernier recours pour obtenir une information vitale. Et pour un jeu qui semble tant vouloir ressembler à son modèle, passer autant à côté de la plaque est particulièrement con.

Bonne chance pour garder Shane en vie dans ce qui n'est pourtant
que la 1ère fusillade du jeu. Votre meilleur espoir :
qu'un bug le coince dans un suspect immobilisé
pour l'empêcher de courir se faire abattre.


Au bout du compte donc, cette application à singer maladroitement la série télé est LA fausse bonne idée du jeu, tout étant trop bâclé et mal foutu pour procurer le moindre plaisir de jeu. Rien ne fonctionne, jusqu'à la jauge de "corruption" censée vous freiner dans vos actes de "mauvais flic" mais qui est si lente à se remplir et si facile à vider qu'elle ne sert absolument à rien. Pour vous donner un exemple : dans les fusillades, un ennemi touché 3 fois se rend, ce qui vous permet de l'arrêter, mais vous pouvez aussi l'abattre alors qu'il a jeté son arme. Or, une simple arrestation en bonne et dûe forme fera diminuer votre jauge bien plus qu'une exécution publique ne la fera monter. Tuez 8 hommes désarmés, menottez-en 2, et voilà, vous êtes tranquille... La légèreté avec laquelle sont traitées les bavures fera sourire 10 secondes, ce qui est bien peu pour se consoler de la présence d'un détail de gameplay inutile de plus, doublé d'une autre retranscription discutable d'un élément-clé de la série.

Un peu comme le Mr Blonde du jeu Reservoir Dogs était un vulgaire collectionneur d'oreilles,
le Vic Mackey de The Shield: The Game est un petit fonctionnaire de la torture,
qui grille mollement des joues  comme il tamponnerait des enveloppes.

Les fans indulgents auraient peut-être pu y trouver leur compte quand même dans cet assemblage malhabile et hétéroclite de petits bouts de jeu ratés si The Shield: The Game avait bénéficié d'une intrigue plus intéressante et originale ou de meilleurs dialogues, mais malheureusement, même sur ce plan-là, on est loin de la franche réussite.  Trop mou et mal torché pour un amateur d'action, et incapable de réellement plonger l'aficionado des aventures de Vic et sa bande dans l'ambiance de la série malgré sa structure similaire à celle d'un véritable épisode, le jeu n'a décidément rien pour plaire à qui que ce soit. Un gros navet, à éviter à tout prix.
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