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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 09:55

TekkenAussi curieux que ça puisse paraître, je crois qu'en définitive les jeux de baffes un-contre-un sont encore ceux qui ont le plus de chances de donner lieu à des adaptations cinéma un peu mémorables. Dans les autres genres, même quand vous prenez les moins nazes, genre Prince of Persia ou Tomb Raider, ça reste des produits dérivés insipides signés par des fonctionnaires hollywoodiens blasés, qui n'ont à peu près aucun intérêt. Mais dans le domaine de la baston, bon, je ne dis pas qu'il n'y a pas de grosses daubes comme Street Fighter, mais à côté de ça vous avez des machins improbables qu'on ne peut certes pas vraiment qualifier de bons films, mais auxquels un mélange de crétinisme fougueux et de fantaisie débridée confère une espèce de charme bourrin unique. Je pense évidemment à des films comme Mortal Kombat ou DOA: Dead or Alive, des films idiots mais à la personnalité forte, qu'on a du mal à vraiment mépriser ou détester. Enfin, à moins de se mettre devant en espérant du cinéma sérieux pour grandes personnes, évidemment.

Tout ça pour dire que j'avais un certain espoir que Tekken, l'adaptation des célèbres jeux de combat de Namco, soit lui aussi l'un de ces chouettes films débiles. L'univers s'y prête assez bien, a priori, avec ses nombreux personnages farfelus et sa multitude de petites intrigues aussi tortueuses et mélodramatiques que superflues pour justifier que tous ces braves gens se retrouvent à intervalles réguliers pour se démolir la gueule. Mais que pouvait bien devenir tout ça entre les mains du scénariste de Ballistic et The Marine, et d'un réalisateur dont les rares incursions en dehors du monde des séries télé (Anacondas 2 ou Le Fantôme de l'Opéra avec Robert Englund...) n'ont jamais vraiment brillé par leur qualité ?


Tekken 06Bon, ça s'annonce pas trop mal, les personnages ressemblent assez à ceux des jeux vidéo...


Ca commence dans un futur post-apocalyptique où les multinationales ont pris le pouvoir après la chute de tous les gouvernements mondiaux. Elles forment une espèce de coalition nommée Iron Fist, c'est-à-dire "le Poing de Fer", et la plus puissante est la multinationale Tekken, c'est-à-dire "le Poing de Fer", et là déjà on sent que le mec qui a écrit ça s'est vachement intéressé au matériau de base. Je répète, à chaque fois, qu'une adaptation doit être jugée sur des critères autres que le simple "si c'est fidèle à sa source c'est bien, sinon c'est nul", mais quand même, là le détail me paraît intéressant au sens où il donne l'impression que les auteurs ont tellement pris leur public pour des teubés qu'ils ont tenu à coller le nom de "Tekken" partout, sans même chercher à savoir ce qu'il signifiait, comme s'il fallait justifier le titre du film. Clairement, si "Tekken" n'avait été que le nom du tournoi d'arts martiaux autour duquel l'intrigue est centrée, on n'aurait pas pigé pourquoi le film s'appelait Tekken. D'ailleurs histoire d'en rajouter une couche, l'action démarre dans un bidonville de la périphérie de Tekken City (si si je vous jure). On est presque surpris que le grand patron de la multinationale s'appelle Heihachi Mishima comme dans le jeu plutôt que John Tekken.


Tekken 08Mais c'est quand même un film intelligent hein, y a un making of où une "actrice" qui doit avoir
deux répliques en tout nous explique le profil psychologique de son personnage.


Bon, bref. Tant qu'on n'entre pas dans les détails, l'intrigue du film ne paraît pas plus conne que la moyenne pour un film de bagarre : Jin, un jeune homme des quartiers pauvres (joué par un second rôle de Universal Soldier - Regeneration) dont la mère a été abattue par les miliciens à la solde de la multinationale Tekken décide de se venger en assassinant le grand patron, Heihachi Mishima, lors du prochain tournoi du Poing de Fer. On retrouve les passages obligés du genre, la présentation des concurrents, le vétéran qui prend le nouveau venu sous son aile, la jolie nana qui tombe sous son charme, les méchants qui trichent, les magouilles des organisateurs en coulisses... Absolument rien d'original, mais si c'est fait correctement et que les combats qui ponctuent l'histoire sont réussis, c'est pas très grave.


Tekken 01Bon mais évidemment, s'ils sont filmés comme ça par contre, ça peut poser problème.


Malheureusement, Tekken est en fait complètement abruti de bout en bout. Alors, je sais que pour certains c'est pas grave parce que c'est le genre de film qui se regarde "avec le cerveau débranché", et clairement Dwight H. Little et Alan B. McElroy n'ont pas fait le moindre effort pour viser au-dessus des attentes à peu près inexistantes de ce type de public. Et c'est cool pour eux, mais moi, si je voulais juste voir des gens se castagner sans que ça raconte rien, je regarderais de l'ultimate fighting plutôt qu'un film. J'ai du mal à m'intéresser à ce qui se passe à l'écran si je sens que même les gens qui ont fait le film s'en foutaient complètement parce que "ouais, bon, c'est Tekken, c'est prioritairement destiné à des mongolos avec zéro exigence à part que les costumes ressemblent à ceux du jeu, on va pas trop se fouler". Même un film particulièrement crétin comme Dead or Alive obéissait au moins à une certaine logique interne : le méchant avait une raison d'organiser ce tournoi, les combattants avaient une raison d'y participer. Ici, les motivations des uns et des autres (en dehors de Jin) sont assez floues, et les quelques éléments d'intrigue qu'on nous fournit se contredisent tout le temps au gré des besoins en rebondissements.


Tekken 04Au début du film, plusieurs scènes sont consacrées à la relation qui unit Jin à sa petite amie...
Tekken 05...mais avec l'arrivée de Christie Montiero, ce personnage subit le même triste sort
que la petite chanteuse dans Le Baltringue  avec Lagaf'.


Si au moins c'était aussi rigolo que DOA ou si les combats étaient bien mis en scène... Mais ça prend au sérieux son message mollement rebelle, et la majorité des interprètes ne sont pas d'authentiques pratiquants des arts martiaux mais des mannequins ou des danseurs, filmés de façon à masquer leurs limites lors des affrontements. Les bastons n'ont donc à peu près aucun intérêt, et il ne reste donc quasiment plus rien pour sauver le film de la nullité totale. Il n'y a même pas de semi-vedette venue cachetonner en cabotinant, tout au plus quelques seconds couteaux sympathiques (Cary-Hiroyuki Tagawa, Gary Daniels) qui n'ont pas l'air de beaucoup s'amuser, le reste du casting étant constitué d'inconnus photogéniques mais au charisme et au talent limités. Ca confirme que les producteurs n'avaient pas envie d'investir trop de sous, même si la pauvreté des décors (en gros, la majestueuse capitale Tekken City, c'est deux couloirs, une salle de gym, un bureau et une arène) était déjà un bon indice.


Tekken 03Petit coup de chapeau quand même à Ian Anthony Dale (Scorpion dans la nouvelle série Mortal Kombat),
qui se donne du mal pour avoir l'air d'un méchant trop cool, comme ici, tellement intense que même
quand il nique deux putes d'un coup, il peut pas s'empêcher de penser à ses plans
de vengeance et de domination du monde.

Tekken 02Cool guys don't look at explosions, c'est bien connu.


C'est donc un mauvais film idiot, horriblement mal écrit et platement mis en scène, sans relief et sans originalité. Je crois que le seul truc à peu près potable, c'est les costumes : les différents tataneurs ressemblent assez bien à leurs homologues virtuels sans que leur look détonne trop dans le monde réel. Mais à moins d'être le genre de fan qui se satisfera de payer 5-6€ pour voir le (charmant, certes) petit boule de Christie Monteiro en pantalon taille ultra-basse, Tekken n'a absolument aucune espèce d'intérêt.

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