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19 octobre 2008 7 19 /10 /octobre /2008 10:39


Comme le dernier jeu de judo remontait à une vingtaine d'années et qu'à une ère où l'on fait même des jeux de corrida et de "hurling" il aurait été bête de laisser un créneau pareil inoccupé, les Belges de10Tacle Studio, anciens développeurs du jeu Outcast, ont décidé de faire appel au plus épais sarkozyste de France après Dominique Farrugia pour prêter son nom et sa bobine respirant l'intelligence à la première simulation de tirage de pyjama depuis bien longtemps.

Le moins qu'on puisse dire c'est que ces braves gens ont la poisse puisque 10Tacle a subi le même sort que leur précédente boîte, Appeal. Leur jeu se retrouve quant à lui soldé à 10 € dans la Hits Collection Silver de chez Mindscape. Il doit d'ailleurs en avoir une quantité impressionnante d'invendus, vu que Mindscape ne s'est même pas donné la peine de le rééditer sous boîtier cartonné argenté comme c'est habituellement le cas pour les jeux de cette collection, ils écoulent directement un stock de la version originale. Sachant qu'après ce bide, on ne devrait pas revoir de jeu de judo avant 2027, si la discipline vous intéresse vous trépignez sûrement d'impatience en vous demandant "Bon mais alors c'est nul ou c'est comme Outcast un bon jeu qui n'a pas eu le succès qu'il méritait ?" Eh bien un peu de calme mes amis, la réponse arrive.

Bon, autant vous l'avouer tout de suite, je ne pratique pas le judo, et je ne suis pas particulièrement fan. Mais je crois  pouvoir dire sans paraître trop prétentieux que la variété des jeux testés ici montre que je suis un garçon plutôt ouvert d'esprit. On peut même dire que je suis assez enclin à me pencher sur des titres étranges, improbables, orphelins. "Laissez venir à moi les petits jeux méconnus qui ressemblent à rien, car à de tels appartient une place sur ce blog", tel est mon credo, et un jeu de judo c'est donc typiquement le truc rare qui va titiller ma curiosité. Tout ça pour dire que nonobstant ma méconnaissance de cet art martial et le peu d'affinité que j'ai avec le bovidé collecteur de pièces jaunes qui lui prête son nom, c'est avec beaucoup d'intérêt que je me suis lancé dans cette expérience.

Le jeu propose un didacticiel qui, sans être trop mal foutu, aurait mérité un peu plus de clarté et des contrôles mieux adaptés au jeu à la manette (le bouton qui sert à valider  dans les menus déclenche au passage une attaque dans le jeu, bien joué les gars). En tout cas, les fans de Double D seront sans doute ravis de l'entendre réciter le texte qui explique comment jouer, et il faut reconnaître qu'il permet quand même de comprendre le jeu dans ses grandes lignes. A part ça, on trouve aussi les modes classiques présents dans à peu près toutes les simulations sportives, à savoir match simple, tournoi, ou carrière. Premier point noir vraiment contrariant qu'on constatera en se promenant dans les menus, le jeu ne brille pas par la richesse de son contenu, avec seulement 9 judokas (tous fictifs, à part pour le gros copain de Bernadette Chirac) et 5 environnements. Aussi peu de choix pour un jeu pourtant pas si vieux (il date de 2007), c'est quand même vraiment faiblard.

Le célèbre sympathisant UMP n'est pas jouable au début,
mais on peut l'affronter en mode carrière et finalement le déverrouiller.


Je n'apprendrai rien aux pratiquants et sympathisants de la discipline en expliquant que le but d'un match est de marquer plus de points que son adversaire dans un temps limité, en le foutant par terre le plus souvent et le plus habilement possible. Chaque fois qu'une prise est réussie, entraînant la chute de l'un des participants, l'arbitre interrompt le match, les juges attribuent un score à l'attaquant qui dépend de la qualité de sa technique, et si le nombre de points nécessaire pour gagner n'est pas encore atteint, le match reprend jusqu'à la prochaine chute. Une projection parfaitement exécutée peut entraîner directement un "Ippon", c'est-à-dire une victoire immédiate, et il est également possible de coincer son adversaire dans une clé qui le poussera à abandonner le combat. Et concrètement, comment cela se joue-t-il ? Eh bien, c'est là que malheureusement les choses se gâtent...

Tout n'est pas perdu lorsque votre adversaire réussit une attaque puisqu'il reste possible
d'en contrer certaines et de se rétablir sur ses pieds au moment de la projection.


Adapter un sport de combat sans mandales dans la gueule, entièrement basé sur les prises, les projections et les contres, n'est certainement pas une tâche aisée, surtout si l'on veut donner un côté technique à la chose. La voie empruntée par David Douillet Judo a le mérite d'être originale, mais ce choix de gameplay ne me paraît pas forcément heureux, puisque pour être honnête, on est ici plus proche de l'inoubliable Britney's Dance Beat ou de PaRappa the Rapper que de simulations de baston de qualité comme les Fight Night ou les Kengo/Sword of the Samurai. Evidemment il n'y a pas de musique, mais pour effectuer une prise, il faudra appuyer au bon moment sur les touches correspondant aux symboles qui défilent en bas de l'écran. A chaque manche, vous devez choisir une technique parmi les 3 proposées en bas de l'écran, puis réaliser la combinaison de boutons qui s'affiche, avec le meilleur timing possible. En étant suffisamment rapide et précis, vous avez de fortes chances de projeter l'adversaire au sol et ainsi de gagner des points. En revanche, si vous appuyez trop tôt, trop tard, ou sur la mauvaise touche, vous risquez de vous retrouver vous-même victime d'une prise de l'adversaire. Et comme ce n'est pas forcément compréhensible expliqué comme ça, j'emprunte à un internaute une petite vidéo pour vous montrer :



On voit ici le joueur de gauche réaliser plusieurs fois un "Juji Gatame" ; le mouvement se lance avec la touche "pieds", puis il faut enchaîner avec "gauche" et "mains" ; une fois cette combinaison réussie, comme il s'agit d'une prise de soumission, les deux joueurs doivent encore lutter, l'un pour forcer l'adversaire à l'abandon, l'autre pour se tirer de ce mauvais pas, dans un nouveau duel de précision sur une séquence de touches aléatoire. On passe donc son temps les yeux rivés sur les 3 barres en bas de l'écran, à essayer de choper au vol les boutons qui défilent en étant plus rapide et plus efficace que son vis-à-vis en kimono bleu. Et si le jeu propose une cinquantaine de techniques, projections, clés et contres, il faut bien dire que ça devient assez vite lassant, d'autant plus que l'on affronte toujours la même poignée de combattants, et que l'habileté semble ne jouer qu'un rôle secondaire dans les victoires tant on se met vite à enchaîner celles-ci sans trop forcer son talent.

Et hop, un Ura Nage "parfait", qui pourtant ne rapportera que peu de points,
principalement parce que la barre d'endurance de l'adversaire est encore pleine.


L'endurance des participants influe en effet beaucoup trop sur le résultat ; à moins de jouer comme un bourrin abruti et impatient, on peut donc assez facilement battre l'IA à l'usure match après match, en économisant sa barre d'endurance (ce qu'on apprend vite à faire) et, en mode carrière, en la boostant entre deux tournois à l'aide des points d'expérience accumulés. Pas besoin d'être calé en judo ou doué pour les jeux de combat, pas besoin d'un long apprentissage pour maîtriser à fond les meilleures techniques : avec un peu d'observation et une certaine pratique des jeux de rythme, quelques matchs suffisent pour aplatir systématiquement les adversaires contrôlés par l'ordi. Et avec l'effectif rachitique de judokas aux différences finalement peu marquées, ce n'est pas le mode 2 joueurs qui rattrapera le coup, puisqu'on en aura bien vite fait le tour.

Le jeu confond "réaliste" et "relou" en vous forçant à déclencher vous-même l'animation de salut
au début et à la fin de chaque combat. La 1ère fois on se dit que c'est marrant,
toutes les suivantes on se dit que c'est inutile et pénible.


David Douillet Judo est donc hélas plombé par tant de gros défauts que je m'en veux presque de parler des petits, comme ce bruit de foule horripilant qui semble basé sur une unique boucle pourrie de 10 secondes répétée ad nauseam à longueur de matchs. Mais ce qui achève de donner envie de tout abandonner dans les plus brefs délais, c'est un bug bien ridicule qui empêche purement et simplement de sauvegarder sa progression en mode Carrière. J'ai beau avoir un espace disque raisonnablement confortable, chaque tentative de sauvegarde se solde par le même message d'erreur me réclamant 12 Ko que, d'après Môôssieur Douillet, je n'aurais pas c'te bonne blague. Comme il n'y a pas eu de patch pour corriger, ça casse rapidement toute velléité de se lancer sérieusement dans ce mode qui est pourtant le "plat de résistance" du jeu, et ça fait salement foutage de gueule d'avoir sorti le jeu dans cet état.

Alors ça c'est ballot, les gars.

Au final, si l'on peut quand même tirer son chapeau à 10Tacle Studio pour s'être risqué à produire un jeu atypique, le résultat est quand même assez raté, et David Douillet Judo a peu de chance de survivre plus d'un après-midi sur le disque dur de quelqu'un qui ne s'est pas mis en tête de le tester pour son blog que personne ne lit. Alors, à 2 ou 3 €, peut-être qu'un gros fan de ce sport aurait quand même pu y trouver son compte, le temps de s'apercevoir qu'adapter son art martial fétiche en jeu vidéo n'est finalement pas une très bonne idée, mais 10 €, c'est bien trop pour une si faible durée de vie.

A part ça, ça va être l'hiver, alors pensez à donner aux Restos, on sait jamais, si un jour ils ont assez de sous ça évitera peut-être que Zidane, Douillet ou Aymé Jacquet se remettent à chanter.

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commentaires

L
<br /> <br /> Normal puisque Kengo et Sword of the samurai (Kengo 2 au Japon) ne sont ni plus ni moins que les suites de Bushido Blade.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
Je confirme pour les Kengo et Sword of the Samurai, car j'y ai joué. Ou plus précisément, je m'y suis pris plusieurs déculottées.Bon, je ne suis pas si mauvais non plus, puisque j'ai terminé mon entraînement chez le maître. Le gros problème, c'est que je commets beaucoup d'erreurs dans les combats, et la moindre d'entre elles peut s'avérer fatale.Dans le genre, Bushido Blade sur PS1 était pas mal non plus.
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S
Le pire, c'est que comme tu l'as souligné, les jeux de combat au corps à corps ne sont pas légion. Non, en fait, ce sont les jeux de combat réalistes qui sont rarissimes en ce moment, et là-dedans, le nombre de jeux au corps à corps est aussi maigre qu'une côte de petit Somalien. Parce qu'à part les jeux tirés de l'UFC qui ne cassaient pas vraiment la baraque en combat au sol, je ne vois pas grand-chose.Rah là là, déjà que c'est pas demain la veille qu'on verra une simulation de karaté ou de kick boxing (ah, André Panza !), ne parlons même pas d'une simu de jiu-justu brésilien...
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T
<br /> <br /> Y a un nouveau jeu d'UFC prévu pour l'année prochaine, fait par Yuke's, les développeurs de la série WWE Smackdown, donc avec un peu de chance il sera un peu plus réussi que ses<br /> prédecesseurs.<br /> <br /> A part ça, c'est du combat au sabre et pas à mains nues, mais Kengo et Sword of the Samurai sur PS2 sont plutôt pas mal et assez réalistes, une attaque bien placée peut tuer en<br /> un seul coup, les blessures continuent de saigner pendant les combats...<br /> <br /> <br /> <br />